Une semaine de concerts à haute densité à l’Alhambra

11 février 2009 0 Par yeca

L’Alahambra peut se réjouir d’une programmation exceptionnelle début mars avec des artistes à part : trop rares en concert, trop rares dans les médias, et pourtant tous déjà cultes dans leur registre propre. Grâce à leur inventivité, Mathieu Boogaerts, Albin de la Simone, Hugh Coltman, sans oublier Chat la petite nouvelle, (ré)animent la scène musicale française.

Albin de la Simone le 10 mars (première partie CHAT)

Après la tournée de Vanessa Paradis où il tenait les claviers, Albin de la Simone est revenu avec « Bungalow ! », son troisième album. Les rythmiques sont énergiques et les textes merveilleusement loufoques et directs. En concert, ou plutôt en spectacle, il est accompagné par trois musiciens et deux formidables choristes-marionnettes.

À noter qu’Albin vient d’enregistrer une nouvelle version de sa chanson Adrienne, en duo avec Vanessa Paradis.

Single « Adrienne » – duo avec Vanessa Paradis

Ré-édition « Bungalow ! » (Cinq7/Wagram), sortie le 3 mars 2009.

Après avoir travaillé avec Arthur H, Souchon, M, Mathieu Boogaerts, Salif Keïta, Jean-Louis Aubert ou encore Alain Chamfort, Albin de la Simone a commencé à mettre des mots sur sa musique sans pour autant en faire trop avec sa voix dont il se plaît à donner les fausses couleurs de la transparence (certaines intonations font parfois penser à Souchon).

Difficile pourtant de trouver des références ou des liens avec le passé musical tant Albin sait créer à partir d’accords et de notes exténuées à trop avoir servi, quelque chose de radicalement novateur, mêlant sans complexes les rythmes les plus contradictoires à des mots un peu fous, souvent libres, et toujours piquants.

Albin de la Simone a l’art de mélanger la particule au populaire pour accoucher de perles lumineuses à la plume exigeante et aux mélodies raffinées, qui conte des histoires de vie entre légèreté, cynisme fragile et cruauté. Longtemps musicien pour les uns, bricoleurs de sons pour les autres, Albin a décidé de changer de rivière en prenant à contre-courant les codes quelques peu éculés de la chanson française.

Sa musique est un voyage aux images colorées. Au piano, Chat, seule ou en groupe, vous invite à entrer dans un monde bien à elle. Un univers tantôt doux et intimiste, tantôt rock et écorché, toujours sauvage et envoûtant. Bienvenue Chat
Premier album « Folie Douce » (Capitol/EMI), sortie le 9 février 2009

Lorsqu’on évoque l’art de la chanson, que seul un géant comme Serge Gainsbourg pouvait qualifier de mineur, on affirme parfois un peu vite, qu’une voix, simplement accompagnée d’une guitare ou d’un piano, peut suffire pour juger de l’étendue d’un talent. L’assertion n’est pas galvaudée dans le cas de Chat dont les chansons, nées d’un souffle clair en suspension au-dessus d’un clavier d’ébène et d’ivoire, ont été inventées dans le plus simple appareil.

Plus tard, on citera Radiohead, Gonzales, Feist, Keren Ann, Björk, Bat For Lashes, les Doors ou le Velvet Underground pour mieux cerner la personnalité musicale de Chat, sans toutefois délimiter son territoire. Pour l’heure, on se contentera d’affirmer qu’une artiste est née, et pas de la dernière pluie.

L’époque n’est plus aux détours, et il faut bien appeler un chat un chat. Cette jeune artiste particulièrement prometteuse n’a pas fini de faire ronronner. De plaisir.

Hugh Coltman le 11 mars

Hugh Coltman, chanteur harmoniciste, anciennement membre de The Hoax et Heez Bus, est aujourd’hui salué par la presse comme l’un des meilleurs chanteurs depuis Paul Rodgers. Fort d’une maturité accrocheuse et nerveuse, il débute enfin une carrière solo. Flirtant entre soul, folk et blues, son premier album révèlera son amour du jazz, sans oublier les poètes de la musique anglophone, tels que Jeff Buckley et Leonard Cohen.
Ré-édition « Stories from the safe house » (ULM/Universal), le 16 février 2009.

On commence alors à lui parler de ses origines. Devizes, petit bled de la campagne de Bristol au Royaume-Uni. On est alors au début des années 90, Hugh a fini de digérer l’écoute de la collection fournie des disques de jazz de sa mère, il est temps de passer aux choses sérieuses, même si à ce moment là rien ne l’était vraiment. Lorsqu’il a fallu se tourner vers l’avenir, Hugh Coltman ne se voyait pas retourner dans son village natal, peur de revenir en arrière; il n’envisageait pas non plus partir pour Londres, solution de facilité; il opta alors pour une option plus radicale: partir dans une ville où il ne connaissait rien ni personne, Paris.

Il trouve alors son bonheur et une évolution à travers les rencontres qu’il fait sur les scènes ouvertes de la capitale, que ce soit celle de la Flèche d’Or ou celles des quais de métro. Il en procure alors beaucoup aux autres. C’est sur l’une de ces scènes qu’il rencontre deux jeunes parisiens également bourrés de talents et qui, à leur première rencontre, lui proposent un projet tant ils eurent la sensation d’avoir déniché la perle rare, la voix qui leur manquait. Ben Molinaro, Spleen et Hugh Coltman formeront HeezBus, et feront leur petit buzz en un minimum de temps.. Fin de l’aventure HeezBus qui se mute en un collectif d’artistes qui sévit toujours : Le Black & White Skins. Le présent commence en 2004 pour Hugh, année ou il écrit les premières chansons de son premier album, année où il assume enfin l’idée d’avancer en solo.

Quatre ans, c’est le temps qui lui a fallu pour écrire des chansons, beaucoup de chansons, et n’en garder que quelques unes. Il eut même le temps d’enregistrer une première version qui s’évapora, heureuse victime des caprices des nouvelles technologies. Il reprend alors l’écriture. Et c’est ainsi que sont nées les “Stories from the Safe House”, douze histoires que Hugh accepte de sortir de sa planque. À moins que ce ne soit vous qui soyez invités à y rentrer…

Mathieu Boogaerts les 12 et 13 mars

Cinquième album, cinquième tournée, changement d’ambiance, nouveau décor, électrique… et tout en mouvement.
Et si cette fois-ci tout commençait par le rythme, par l’énergie ? Quatre musiciens sur scène, une batterie, une basse, un clavier, une guitare, et comme d’habitude, des surprises.
Son album « I LOVE YOU » (tÔt ou tard/Warner), fêté par des critiques dithyrambiques, trouvera le chemin de la scène pour deux dates

N’y allons pas par quatre chemins : avec I LOVE YOU, Mathieu Boogaerts frappe un grand coup. Avec ce disque tout en punch et en nerfs, qui vous saisit et vous croque avec la sensuelle férocité d’une bête sauvage, l’auteur d’Ondulé ne fait pas seulement voler en éclats cette image de chanteur lunaire qui, depuis trop longtemps, lui colle injustement à la peau. Tournant le dos à son passé, il s’offre surtout un aller sans retour vers un autre monde musical, un autre pays, dont il invente avec une volupté palpable la langue, les lois et les coutumes. Un pays qui, comme aux plus grandes heures du rock, du rap ou du funk, prônerait la révolution permanente.

Le changement est si radical qu’on pourrait le croire motivé par bon gros coup de sang (mais quelle mouche l’a donc piqué ?) ou par une très sévère crise existentielle (mais par quelles affres est-il donc passé pour en arriver là ?). Sauf que c’est tout le contraire : si Boogaerts a ainsi remis en cause tous les acquis d’une carrière entamée il y a près de quinze ans, c’est parce que, pour la première fois, il a connu le sentiment du devoir accompli