Ségrégation à l’embauche en Loire-Atlantique

23 juin 2006 0 Par naina

Huguette Rivaud, propriétaire d’un salon de coiffure à Châteaubriant en Loire-Atlantique est soupçonné d’avoir refus d’embaucher Clairmise Valton à cause de sa couleur de peau.

Huguette Rivaud, 56 ans, coiffeuse à Châteaubriant, a répondu hier au président de la 6e chambre correctionnelle du tribunal de Nantes : « Oui, j’ai refusé sa candidature parce que je recherchais une employée de couleur blanche parce que cela correspond mieux au type de la clientèle. Je me sens mieux avec des gens de ma couleur« . La coiffeuse est soupçonnée d’avoir « refusé d’embaucher Clairmise Valton en raison de son apparence physique ou bien de son origine ou de son appartenance ou non, vraie ou supposée, à une ethnie ou une race déterminée« .

Le 22 novembre 2005, Clairmise Valton, jeune femme de 26 ans d’origine haïtienne, se rend au salon de coiffure de Mme Rivaud pour lui proposer sa candidature (spontanée). Le gérante du salon lui répond qu’elle ne cherche personne. Le lendemain, Mme Rivaud apprend qu’un de ses employés prolonge un arrêt maladie jusqu’à fin décembre. Elle contacte alors l’ANPE de la ville pour passer une annonce : elle cherche une coiffeuse et sa demande est urgente.

Le même jour, Clairmise Valton se présente à l’ANPE en question et on lui propose cette offre d’emploi. La jeune femme a déclaré : « J’appelle. Je précise que j’étais passée la veille. Elle me dit, un peu gênée, qu’elle avait beaucoup de candidatures« . Sceptique quant à la réponse de la patronne du salon de coiffure, Clairmise valton demande à une amie, Béatrice Adetsi, d’appeler le salon et d’essayer d’obtenir un entretien d’embauche. Son amie, prétendant s’appeler Aude Pichet, appelle et obtient un entretien dans l’après-midi. Sur les conseils de l’ANPE et de l’inspection du travail, Claimise Valton a déposé plainte à la gendarmerie. Sos Racisme s’est constitué partie civile.

L’avocat d’Huguette Rivaud affirme que sa cliente a le droit de « préférer » une personne de « son cru » qui « rassure » la clientèle. Le procureur de la République dit avoir « presque honte » de constater « avec tristesse que le citoyen lambda est raciste. » Et d’ajouter : « Je regrette qu’elle ne se soit même pas excusée. Vous êtes raciste. Point barre.« 

Le ministère public a requis 3 000 euros d’amende, dont 1000 avec sursis, ainsi que l’obligation de faire un stage de citoyenneté. Le jugement a été mis en délibéré au 17 juillet.