Interview de BP Zoom

2 février 2009 0 Par yeca

BP Zoom

Deux ans après « La Clef », les BP Zoom ne sont plus des débutants et ils ont l’intention de le faire savoir. Les quatre gars ont grandi. Avec toujours Lionel à la guitare et au chant, son frangin Raphaël à la batterie, Jules à la basse et Ludovic à l’autre guitare. Non pas qu’ils soient contre une bonne vieille blague potache de temps en temps (cf leur single gratuit collector Appel aux Plastiscines, où ils disent en substance qu’ils en pincent pour les pétulantes rockeuses parisiennes), mais ils ne se reconnaissent plus dans la chanson Mal à 15 ans que leur avait offert Kent pour leur premier album. Non qu’ils le renient : il contenait son lot de tubes (« La Clef », qui lui donnait son titre, « Un peu trop », sous influence Ramones, etc.) mais ils ont l’intention de négocier comme des princes le légendaire difficile second album, autrement dit le piège dans lequel sont tombés tant de leurs confrères, en France et partout ailleurs.
« La Clef » a conquis des milliers de fans et leur a ouvert des portes : les BP Zoom n’ont pas cessé de tourner depuis sa sortie. En restant fidèles à leurs racines rock’n’roll : surtout ne jamais faire de pause. Jouer à tout prix.
– Une scène, du matos, des lumières, un public : c’est tout ce qu’il faut pour faire notre bonheur !
En 2004 déjà, le groupe avait pris l’habitude de se produire dans les bistrots, chaque week-end. Avec déjà des fans qui les suivaient partout, y compris des filles (Jouer du rock’n’roll pour lever les belettes ? C’est pas un mythe : ça récolte !). Puis ils ont commencé à enchaîner les premières parties, plus ou moins prestigieuses. Ils sont allés au charbon : première partie de Dr Feelgood, de Canned Heat, de Calogero, de Trust, une Fête de la Musique à Avignon… Tout est bon pour forger un savoir-faire : les vrais rockers peuvent affronter TOUS les publics. Les BP Zoom l’avaient déjà montré en juillet 2005 à Arras, à la même affiche que Kyo et Sum 41, devant 8000 personnes. Le concert qui leur a fait décrocher un contrat chez AZ. Deux ans plus tard ils ont confirmé en acceptant l’une des missions les plus délicates qui soient : assurer la première partie d’une tournée française des Stranglers. Vous connaissez la réputation des Étrangleurs ou je dois vous faire un dessin ? Et celle de leur public de teigneux, dont certains pas calmés depuis la sortie de No More Heroes en 1977 ?

Jouer avec les Stranglers, nous a permis d’en retirer quelques enseignements comme, jouer plus sobre, avec plus de simplicité, plus de rigueur. Plus de maturité aussi côté paroles. Comme cette Étoile d’argent née sur la route, une chanson rageuse sur l’envie de se lâcher. Jean-Jacques Burnel ne leur a d’ailleurs jamais donné de réels conseils mais il leur a dit quand il est passé les voir en studio lors de l’enregistrement à ICP : « le seul conseil que je peux vous donner c’est de ne pas écouter ce que les autres disent et de vous trouver avec le temps, la route, les concerts … »
Tout en gardant ses distances. Non pas que les BP Zoom soient des saints : quand la bière monte, elle réveille les démons qui sommeillent en eux.
– La vie en tournée, les excès qui l’accompagnent, on gère. Le pire qui nous soit arrivé, c’est une indigestion pour des coquillages pas frais. Même si on n’a dormi que trois heures la nuit d’avant, on a toujours assuré sur scène à 100%. Nos parents n’ont aucun motif d’inquiétude. D’ailleurs, depuis que Michel Drucker nous a invités à Vivement dimanche, ils sont rassurés !
BP Zoom se contente de constater les dégâts de l’hyper-pipolisation chez les autres. La cruauté des médias qui s’acharnent sur Kate et Amy est au cœur de Piste noire. Grâce à AC/DC, Nirvana, Blink, Silverchair et tant d’autres, le groupe a trouvé tôt sa Raison d’être : le rock’n’roll, bien sûr, les riffs à la Green Day / Offspring du Mur du son, de La Loi de la jungle et d’Une autre fin. L’efficacité à la Interpol de Tout casse, les ambiances à la Kills / Hoosiers de Dis-moi. Pas de guests prestigieux sur cet album autarcique : juste les quatre gars dans leur cocon, qui ont longtemps mûri les onze chansons, du local de répète à la scène et retour, avant de les mettre en boîte en quinze jours top chrono sous la houlette du grand Erwin Autrique au studio I.C.P. à Bruxelles (Le rêve ! la classe !). Avec aujourd’hui une furieuse envie de les voir grandir en public…

Gilles Verlant, mai 2008